GR3 «en direct» - Jours 41 à ... la fin
Ce sera donc ma dernière page sur le GR3 en direct.
Franchement c'est une forme de soulagement et c'est un immense plaisir !
Je commence à fatiguer un peu et mon corps me fait la tête depuis quelques jours. Les pieds maudissent celui dont ils assurent le contact avec le sol, les épaules gémissent à chaque fois qu'il faut soulever le sac, le dos craque au fil des kilomètres.
Ma tête a tenté de parlementer avec eux car un vent de grève menaçait fortement.i Finalement, convaincus par des arguments puissants, les contestataires sont rentrés dans le rang et vont assurer leurs offices jusqu'au terme de l'aventure.
La météo sera scrutée très souvent et, pour le moment, l'optimisme n'est pas de rigueur.
Vos petits mots sur Facebook, wattsapp, messagerie, mail ou onglet «contact» de mon blog vont m'être très très précieux pour galvaniser l'énergie qu'il me reste. Merci d'avance !
GR3
étape 41 :
La Chamba à
... nord de St Anthème
J'ai passé une excellente nuit seul dans mon gîte communal de la Chamba. Vous verrez plus loin la résonance que peut avoir ici le mot «seul» par rapport à mon expérience de ce soir ...
Il fait grand beau quand je relance la mécanique ... un peu rouillée !
Dès le début je comprends que les conditions de marche seront très différentes de celles de la veille.
Après les ornières tapissées de cailloux malveillants, ce sont des chemins accueillants recouverts de sable et parfois drapés de racines tranquilles que je marque de mes pas.
Et puis fini la forêt, place aux grandes étendues et aux paysages propices aux photos.
Après le col de Béal à plus de 1300m, je monte jusqu'au sommet de Pierre-Haute : 1600m tout rond sous la toise. J'y découvre 2 plaques neigeuses ayant résisté aux dernières chaleurs.
Auparavant il m'a fallu faire encore un peu de gym car j'ai raté le chemin du GR et je me trouve en bordure d'un fil ... électrifié ! Je glisse le sac, les bâtons et l'appareil photo dessous avant de faire de même dans une élégante roulade.
Un troupeau de vaches me regarde passer au milieu d'elles sans esquisser le moindre geste.
Plus loin encore, 2 jolies maisons attirent mon attention. J'en profite pour me poser devant elles afin de recouvrir mon sac et mettre mon imper.
2 minutes plus tard de grosses gouttes commencent à tambouriner sur ma capuche. L'orage gronde et, à 2 km de mon point de chute, je décide de tenter le stop ... avec succès. La voiture d'un employé communal s'arrête et me dépose devant le Jas du Mas (les 6 dernières photos).
Au même moment un déluge s'abat sur le très beau bâtiment ... Bien joué Marcel !
Après le calme du gîte de la Chamba (il est vrai situé entre une église et un cimetière), je me retrouve au milieu d'un groupe de cyclistes allemands et d'une réunion d'anciens profs français.
Toutes les chambres du gîte sont prises. La patronne m'a cependant trouvé une place au dortoir.
Calme pas garanti cette nuit ☺☺.
Quelle étape agréable et ... longue ! 30km de toboggan ça use et je suis heureux de me poser ici.
Alors bruit ou pas ... je vais bien dormir ce soir !
Demain l'étape sera bien plus courte. Je vais planter ma tente dans une ferme. Je vous raconterai !
A suivre !!!
GR3
étape 42 :
... Nord de St Anthème à
La Chapelle en Lafaye
Après avoir subi hier mon premier véritable coup de bambou tant physique que moral, je me suis réveillé ce matin avec la même frite (ou pêche selon que vous soyez salé ou sucré 😅) qu'au premier jour.
Bien sûr je parle là du moral. Le reste devra suivre, je ne le laisserai pas se plaindre.
Je quitte le Jas du Mas après un inoubliable petit déjeuner avec le pain et les confitures maison.
Le dîner, la veille, a été tout aussi remarquable.
Vraiment je vous recommande cette adresse si vous cherchez un gîte auberge près de St Anthème.
Mais pour y arriver depuis le GR3, quel détour !!!!
Ce sera l'une des 3 raisons qui vont me pousser à changer l'étape de ce jour.
Je vous explique :
- pour rallier Gumières où je devais passer la nuit aujourd'hui il m'aurait fallu reprendre le long détour de la veille puis, à nouveau, quitter le GR3 de l'autre côté pour atteindre Gumières. Pas très motivant.
- de plus, la météo n'étant pas fameuse, et cette étape prévoyant un bivouac à la ferme, il y avait toutes les chances pour que je monte ou demonte la tente sous l'orage
- enfin, et c'est la cerise sur le gâteau, en changeant ma destination du jour, je regroupe 2 étapes en une, gagnant ainsi un jour sur le terme de mon périple. Youpi !! 👍
Donc, résumons : j'ai la frite (ou la pêche...) en me levant et je pars avec une étape de moins en tête. Elle n'est pas belle la vie ?
Pour des trekkeurs qui, comme moi, viendraient du nord, je précise que j'ai délaissé le GR3 quelques kilomètres pour passer par Saint-Anthème et remonter ensuite la D67 jusqu'à le reprendre.
La petite route monte à pente douce et offre, de chaque côté, une belle variété de fleurs dont l'observation occupe mon temps car le paysage, en partie caché par des nuages bas, n'offre pas de point d'appui à mon regard.
Ensuite sur le GR, et jusqu'à la Chapelle en Lafaye, les chemins sont agréables et presque plats.
Je passe aussi par un charmant village, Ferréol, auquel les maisons en pierres donnent un sacré cachet. Une madonne veille sur les randonneurs et pèlerins qui y passent.
A la Chapelle en Lafaye je vais à la rencontre du responsable du gîte qui m'ouvre grand la porte de son jardin pour me faire admirer ses fleurs dont certaines sont très rares ici (cf mes 2 dernières photos). C'est un monsieur très cultivé et charmant. Je vais conserver longtemps le souvenir de nos échanges. Hélas je n'ai pas sa connaissance de la botanique et ai oublié le nom des plantes qu'il m'a fait découvrir.
Demain direction Valprivas où j'ai réservé une chambre dans un nouveau gîte. Je délaisse beaucoup trop ma tente à mon goût, et à celui de mon porte-monnaie, mais les orages vont se renforcer demain et peut-être les jours suivants. Donc ...
A suivre !!!
GR3
étape 43 :
La Chapelle en Lafaye à
Valprivas
27 mai ... et dernier dimanche sur les chemins.
Si tout va bien je serai devant la source de la Loire samedi prochain. 🎆🎆
Je me sens plein d'énergies positives qui m'aident à supporter un pied gauche de plus en plus douloureux mais qui ne freinera pas mon élan.
L'étape d'aujourd'hui a été celle de l'alternance (clin d'œil à mes amies Muriel et Laetitia pour une partie de notre beau vécu commun) :
- alternance d'éclaircies, de pluie et de tonnerre
- alternance de sentiers (nombreux) et de routes (plus rares)
- alternance de dénivelés plutôt doux et de plats
- alternance de forêts, de champs, de villages aux maisons de pierres souvent ravissantes (Montarcher peu après la Chapelle en Lafaye est vraiment admirable)
- alternance de roches, de plantes et de fleurs
Une étape merveilleuse que j'ai adorée et, je l'espère, dont les photos vous donneront un bon aperçu.
24 km de plaisir depuis le moment où j'ai longé la maison de Mr Joly qui m'avait si bien reçu la veille et celui où j'ai atteint le gîte de Valprivas ... avec un accueil particulièrement ... froid ! (Mettons ça sur le compte de l'orage qui s'est déchaîné 5 minutes après mon arrivée. Ouf !!!).
Je ne veux retenir que le si mignon village de Montarcher donc, la jolie commune d'Estivareilles et son accueillante boulangerie, les petits hameaux si authentiques, le passage mystérieux sous un gros buisson et ces toujours attirantes fleurs des champs.
Je me suis nourri de ce que mes yeux gravaient dans ma mémoire et j'y puise encore ce soir le sourire qui ne me quitte pas depuis ce matin.
La nuit sera belle avant une étape plus courte demain vers Retournac.
Et puis, une grosse pensée à toutes les mamans qui me lisent aujourd'hui ... avec un bisou particulier à ma femme qui m'a donné 2 filles merveilleuses et à ma maman qui, de là-haut, suit mon parcours avec passion.
A suivre !!!
GR3
étape 44
Valprivas à
Le Mazel (près de
Retournac)
Lundi 28 mai, il est 5h30 et malgré une nuit moyenne dans un lit moyen je me lève en pleine forme ... jusqu'à ce que je ressente comme des chatouillis aux pieds tout juste posés sur le sol.
J'allume et je comprends aussitôt que je viens de faire l'objet d'une déclaration de guerre qui annonce une lutte sans merci entre moi et ... une armée de mini fourmis.
Il en vient de partout !!!
La veille, à la remise des clés, la personne qui m'avait accompagné ici avait bien constaté quelques unes de ces guerrières près de la fenêtre mais avait estimé qu'une tranche de citron pressée sur leur passage devait avoir raison de toute velléité hégémonique.
Bon moi je veux bien qu'il faille privilégier les produits naturels aux autres mais, là, force est de constater qu'un bon insecticide aurait été plus approprié.
Bref me voici donc engagé dans un combat dont, pour moi, l'issue ne fait pas de doute. Je dois l'emporter.
Mon premier réflexe est de voir si le sac à dos, prudemment mis en hauteur la veille, est attaqué ... et bien oui ! Il a été pris d'assaut et je dois tout vider, poser en un autre lieu sécurisé et écraser presque une à une les impudentes imprudentes qui ont osé pénétrer ma vie privée. Le combat est long, violent mais après une heure trente de «corps à corps» les fourmis sont vaincues.
Je quitte le gîte avec un sac parfaitement nettoyé.
En résumé, à Valprivas : un gîte où je suis accueilli fraîchement, où je dors moyennement et où je dois livrer bataille contre un ennemi supérieur en nombre. Amis randonneurs je vous laisse juges !
7h45, je retrouve la trace de mon bon vieux GR3 sous un ciel gris. Quelques nuages rebelles viennent embellir un horizon montagneux encore ensommeillé m'offrant l'opportunité de mettre en action mon appareil photo.
Progressivement mes pas me mènent au coeur de ces nuages rebelles et la visibilité s'en ressent aussitôt. Pas longtemps heureusement et j'y vois à nouveau convenablement lorsque je franchis l'Ance une première fois.
Puis commence une étrange séance de sauna (totalement gratuite je vous rassure). Je ne connaissais pas le concept et découvre un sauna qui bouge avec moi en me faisant transpirer par la chaleur moite du nuage qui m'enveloppe et par la chaleur intense dégagée par mon corps dans l'interminable et rude montée qui m'éloigne provisoirement de la rivière.
Le sac à dos, qu'au sommet je délivre de mon corps (à moins que ce ne soit l'inverse), est trempé ... et moi aussi !
Trempé mais ce n'est rien au regard de ce qui va suivre juste après le passage du petit pont enjambant une fois encore l'Ance.
Le ciel est très sombre depuis quelques minutes alors que ma montre indique 9h30 au cadran.
Les premières gouttes s'imprègnent sur mon short clair. Prudemment je range mon appareil photo dans le sac, convaincu qu'il n'en sortira plus de la journée. Et hop c'est parti ! Pas cool le ciel ! Je n'ai pas le temps d'enfiler l'imperméable qu'un déluge s'abat sur moi. Je fais de mon mieux pour glisser mes bras dans les manches mais justement ... ils ne glissent pas ! Grrrr !!
Bon me voici enfin couvert, et déjà bien rincé. Je reprends la trace du GR qui me rapproche de la rivière devenue nettement plus grosse et tumultueuse qu'il y a quelques minutes. Et le sentier m'oblige à poser mes pieds juste à côté de gros remous pour retrouver la trace. Ouf j'y suis !
La suite ?? Une longue, longue montée avec des chaussures trempées. Je retrouve la route jusqu'au lieu-dit Maltret où je m'abrite quelques instants sous l'avancée d'une maison pour déposer mon sac comme me le réclame avec insistance mon dos depuis un bon bout de temps.
Une dame adorable en sort pour me proposer un café que je refuse poliment et nous engageons la conversation à l'abri pendant 10 minutes de pur bonheur. Hélène a les yeux emplis de bonté et les mots simples que nous partageons réchauffent nos 2 solitudes.
Je la quitte ragaillardi de ce qu'elle m'a apporté et un peu conscient de lui avoir donné ce qu'elle était venu chercher en m'ouvrant sa porte.
Au revoir Hélène, prenez soin de vous !
Me voici enfin à Retournac. La pluie vient de cesser et je m'arrête à l'Intermarché pour acheter un sandwich et des gâteaux secs que j'espère manger dans un bar du centre ville ... mais tout est fermé hormis une pizzeria.
Bon, le sandwich sera pour demain midi. Je commande une pizza (délicieuse) et pas chère (6€).
Vers 14h je quitte le restaurant pour rejoindre mon gîte du soir ... à 3 km de là et, merveille des merveilles, je retrouve ma douce amie dont je me suis trop longtemps éloigné : la Loire !
Ne rigolez pas, j'éprouve à cet instant précis un sentiment de grand bonheur qui me tirerait presque quelques larmes ... que le maudit ciel de ce jour déverse sur moi à peine ai-je sorti mon appareil pour rendre hommage au fleuve dont je partage un peu la vie depuis 1 mois et demi.
Depuis cet instant il ne cesse de pleuvoir. L'orage est violent. Mes affaires sont trempées et je ne sais si elles auront séché d'ici à demain. Quant aux chaussures ......
Je verrai bien !
J'ai été formidablement accueilli dans ce gîte à la ferme et le cadre est chaleureux. Je m'y sens bien .
Ce soir je mange avec les propriétaires.
Comme vous le voyez, cette journée qu'une description hâtive pourrait habiller de gris est en fait très lumineuse.
Je me sens en pleine forme . La mécanique est au top et la tête emmagasine des souvenirs qui n'ont pas de prix. Alors, ce soir je ne pense plus à mes pieds, mes épaules et mon dos. Je profite du rêve que j'écris de mes empreintes le long de la Loire.
Demain je serai au camping de Vorey. J'ai retenu un petit bungalow car la météo est mauvaise pour l'après-midi ... surprenant non ?
A suivre !!!
GR3
étape 45
Le Mazel à
Vorey
Mardi 29 mai.
Le réveil ce matin est loin de celui d'hier et des soucis causés par mes squatteuses. Ici, le maître mot c'est «zen» comme les propriétaires.
La veille j'ai partagé le dîner avec eux et une jeune allemande qui les assiste pendant quelques jours. Leur travail à la ferme tourne autour du maraîchage, des produits laitiers qu'ils créent avec leurs brebis, du pain maison et, donc, du gîte.
L'ambiance est détendue, le repas délicieux et équilibré.
Au menu : asperges, quiche au fromage de chèvre, ravioles aux courgettes, fromage ... de chèvre et tarte à la rhubarbe. Hormis les ravioles bien sûr, tout provient de chez eux.
Un bonheur !
Amis randonneurs si vous passez par Retournac arrêtez vous à la ferme des Fromentaux (lieu-dit le Mazel). Le chemin qui vous y mène longe la Loire et s'avère très agréable.
J'en reviens donc à ce matin. Je quitte le gîte avec du pain maison, une part de tarte et un fromage. Le moral est toujours au beau fixe contrairement au temps qui reste désespérément gris. Le brouillard est dense lorsque je retrouve le fleuve. Les fines gouttes qui glissent sur mon imper n'annoncent rien de bon.
Aujourd'hui mes objectifs sont très clairs :
1/ atteindre Vorey avant l'orage annoncé pour le tout début d'après-midi
2/ tout faire pour ne pas mouiller mes pieds dans les flaques, la boue ou les hautes herbes afin de garder au sec mes pansements. Je passe près d'une heure à protéger orteils, plantes et talons alors si je peux ne le faire qu'un soir sur 2 ...
3/ puique j'ai retrouvé ma Loire (notez le possessif 😊😊), l'abandonner le moins possible quitte à délaisser parfois le GR3.
6 km après Retournac je découvre un charmant village : Chamalière sur Loire. Le GR3 n'y entre pas ... moi si !
Je m'y balade quelques minutes (on en a vite fait le tour) puis dépose mon sac contre un bâtiment clos, peu avant qu'un couple n'y entre. On «tape un peu la discut» et j'apprends qu'ils mettent la dernière touche à ce qui sera un resto particulièrement adapté aux besoins des randonneurs : assiettes diverses à déguster sur place ou à emporter dans un sac adapté, sandwichs, produits locaux.
Ils ouvrent début juin sous l'enseigne «Chez Mie Anne». Une future très belle adresse probablement.
Le sac retrouve sa place sur mon dos (qui accepte sans trop rechigner) et me voilà reparti ... mais par où ???
GR3 de l'autre côté de la Loire dont il s'éloigne très vite ou petite route plus directe qui la longe ? Fidèle à mes résolutions matinales je décide de suivre le lit du fleuve (entre nous bien moins large que lorsque je l'ai quitté). Décision d'autant plus sage que les nuages s'alourdissent et qu'une arrivée prématurée à Vorey ne serait pas pour me déplaire.
Un bel escargot me montre la direction en prenant tout son temps pour s'assurer que j'ai bien compris. Trente centimètres plus tard il s'écarte et me laisse poursuivre à mon rythme. Le sien ne me garantissait pas une arrivée au Mont Gerbier de Jonc samedi ...
Ma route et le GR se font des mamours de temps à autres. Tantôt je m'associe à l'un, tantôt à l'autre selon la configuration de leur revêtement. Ce doit être mon côté oecuménique !
A l'approche de Vorey je me gratifie de beaux messages d'autosatisfaction quand la pluie devient plus soutenue.
Ça donne à peu près ceci : «tu as fait les bons choix», «il pleut et tu seras à l'abri avant d'être trempé», «bien vu Marcel» etc ... c'est sûrement ce que vous m'auriez dit si vous aviez été à mes côtés.
Je me rends très vite au «Bar du centre» pour y trouver refuge et, par la même occasion, pitance.
Le couple qui m'accueille est très sympathique, le cadre agréable, la pizza délicieuse. Je recommande (pas une pizza ... l'adresse 😅😅)!
J'ai quitté la table du resto il y a 30mn, après y avoir commencé la narration de ma journée que je termine en ce moment sur la terrasse de l'hôtel où je dormirai cette nuit. J'attends son ouverture (vers 16h je crois).
Une nouvelle fois la météo se montre assez optimiste pour demain matin, pas du tout pour l'après-midi.
Je vais partir très tôt (6h j'espère) afin d'arriver au plus tard vers 14h au Puy en Velay. J'éviterai peut-être la pluie et j'aimerais prendre le temps de visiter cette ville (sans mon barda) qu'une rapide traversée en camping-car nous a déjà fait apprécier.
A suivre !!!
GR3
étape 46
Vorey à
le Puy en Velay
Ce mercredi 30 mai je quitte mon hôtel très tôt après une bonne nuit.
La météo annonce une matinée assez ensoleillée avant un après-midi orageux. En m'éloignant de Vorey dès 5h30 pour une étape de 25 km j'ai bon espoir d'arriver avant le mauvais temps.
Les premiers kilomètres, effectués dans un épais brouillard, ne présentent guère de difficultés. Les chemins sont larges et plats. Un léger crachin dépose sa fraîcheur sur mes bras nus. Je suis en tee-shirt, il fait très doux.
Le nom d'une rue m'offre l'opportunité d'une photo cadeau à mon petit-neveu 💕💕
Me voici à l'approche de Lavoûte sur Loire qu'une fois encore le GR3 ignore invitant le randonneur à tourner à droite avant le pont. Une fois de plus, je désobéis et m'engage sur le pont qui traverse la Loire pour profiter d'une jolie vue sur le château de Lavoûte. Les gars qui peignent les balises de direction n'ont pas été informés que je suis chatouilleux de la photo !
Subrepticement, le crachin transforme sa caresse humide et fraîche en une douche extrêmement légère espérant peut-être que je n'y prendrai pas garde. Et de fait, comme après une courte remontée long de Loire, le sentier bifurque dans une épaisse forêt protectrice, je ne prête pas vraiment attention à son manège.
Brusquement on passe du plat à un beau dénivelé avec des chaussures qui peinent parfois à trouver de bons appuis sur des cailloux glissants et ... mobiles. Et puis durant 300 ou 400 mètres j'ai l'impression de devenir Mike Horn (mais version light) car une succession d'arbres cassés et de rochers descendus de nulle part m'obligent à des acrobaties pour rester sur le chemin.
Peu avant le sommet je demande pardon aux traceurs que j'ai vilipendés tout à l'heure car leur balisage m'offre un point de vue exceptionnel sur la Loire et sur Lavoûte. Merci messieurs !
Oui mais ... à présent je suis à découvert et le ciel, mauvais coucheur, n'attendait que ça pour changer le rythme de sa musique hydrique.
Je m'apprête à poser le sac pour enfiler mon imper et protéger l'appareil photo quand mon ouie fine ( c'est le seul sens qui fonctionne plutôt bien chez moi) capte le cri caractéristique d'un rapace. Je lève les yeux et vois arriver sur moi, à relativement basse hauteur, un magnifique circaëte. J'ai le temps d'appuyer 4 fois sur le déclencheur pour 3 photos plutôt réussies je trouve. A cet instant je sais que ma journée sera belle quoiqu'il arrive.
Ceci dit je ne dois pas traîner en béate autosatisfaction car ça commence à sérieusement mouiller. Je me protège et garde l'appareil contre moi dans l'imper.
Je ne le sais pas à ce moment mais la pluie ne me lâchera plus jusqu'aux portes du Puy en Velay. Pas de chance car je n'ai pas pu profiter pleinement de la très jolie ville de Poligny et de sa citadelle. Tout au plus m'y suis-je arrêté à midi pour manger et me réchauffer.
Finalement je parviens comme prévu au Puy en début d'après-midi. La pluie a donc cessé depuis quelques minutes et un semblant de ciel clair dessine comme l'espoir d'une belle fin de journée.
Assurément la météo avait raison : il y a bien eu 1/2 journée de pluie et une autre plus clémente. Bon mais il fallait juste inverser leur prévision 😕😕.
Notez que je ne me plains pas finalement car, une fois mes affaires installées dans le gîte (gîte des Capucins pour ceux qui passeraient par là) je peux visiter la ville en sandale et tee-shirt.
Toute la partie historique est vraiment superbe et me permet de conclure en beauté cette étape.
De surcroît j'ai pu me ravitailler ... en pansements ! Car le point noir de ces journées pluvieuses à répétition c'est que les protections des pieds ne tiennent guère dans des chaussures aux allures de canoë kayak après immersion. Du coup la peau se fragilise et de nouvelles ampoules s'invitent à la fête.
Pas grave ! Dans 3 jours je serai devant la source de ma Loire !!!!!!!!!
A suivre !!!
GR3
étape 47
le Puy en Velay à
Goudet
31 mai, antépénultième étape.
Si cette étape s'était achevée vers 13h30 j'aurai pu la résumer ainsi :
1/ mauvais temps
- du brouillard longtemps
- de la pluie souvent
- du soleil rarement
- de la grêle évidemment
- du vent parfois violent
- de l'orage au loin tonnant
2/ sport plus que tourisme
- de la marche (bien sûr) avec une succession de montées et descentes plutôt raides
- de l'équilibrisme sur des sentiers plus pierreux que jamais. Des pierres détrempées donc glissantes
- de l'orientation. Je me suis retrouvé sur un plateau sans réussir à repérer les marques du GR alors que le tonnerre faisait entendre sa belle voix de baryton (flippant). Heureusement le GPS m'a tiré d'affaire
- du pédiluve (si, si, ça va devenir un sport). Certains chemins, gorgés d'eau, ont construit tout seuls de petites piscines ... sans déviation autour. Pas d'autre choix que de plonger les pieds dedans parfois au delà de la cheville. Grrrrrrr !
- du transformisme (vous savez, pour changer de vêtements à toute allure). Moi c'est avec mon imper que je me suis entraîné en milieu de matinée avant que, de guerre lasse, je le garde sur moi ... avec pertinence car ensuite 3 heures de pluie drue non stop ! Re grrrrrrr!
Oui, j'aurai pu résumer cette étape ainsi ... et puis, et puis il y a eu une accalmie. Le ciel a déchiré quelques gros nuages pour ouvrir un chemin aux 3 ou 4 rayons de soleil qui, obstinément depuis le matin, tentaient de m'offrir un peu de leur clarté.
J'ai pu baisser la capuche, sortir l'appareil photo de la poche ventrale qui le protégeait, regarder la nature avec mon cœur quand mes yeux, fatigués de fixer les pierres sous mes pieds, ne voyaient rien d'autre que le terme de cette journée épuisante.
Près de moi, magnifiée par la lumière revenue, je retrouvais ma Loire, tout en bas dans les gorges qu'elle a creusées pour y faire son lit tumultueux.
Et enfin Goudet, son camping super sympa.
Une bonne nuit m'attend avant de partir pour le Lac d'Issarles. Mais avant je vais manger un plat aux lentilles que me prépare le patron du camping et je vais l'apprécier. Car c'est l'autre problème de la pluie ... elle ne permet pas de poser le sac donc, si je ne trouve pas un abri (ça a été le cas aujourd'hui) je saute un repas et me contente d'une banane et de 2 barres de céréales.
Je me rattraperai à la maison 😄😄
A suivre !!!
GR3
étape 48
Goudet à
Issarlès Le Lac
Bon c'est décidé je pars encore plus tôt ce matin 1er juin. De nouveaux orages sont annoncés cet après-midi et je vais tout faire pour atteindre mon point de chute avant eux.
A 5 heures, à la frontale pour quelques minutes seulement, je quitte le camping «Au bord de l'eau» de Goudet. Je le recommande. Le cadre est très beau, les emplacements et chalets parfaits, le patron très accueillant.
Une jolie lune me lance un sourire d'encouragement que je traduis par «Sois confiant, il va faire beau !».
Après 200 ou 300 mètres, je rigole tout seul en voyant comment je vais devoir traverser un petit affluent de la Loire. Un pont-tuyau !!!! Je n'avais jamais vu ça ! J'espère qu'ils n'ont pas de lien de parenté avec celui de Fort Boyard qui tourne sur lui-même. Je n'ai pas mis ma combinaison moulante et pas de caméra à l'horizon. Bon, ça va, c'est stable.
S'ensuit une longue montée (raide), d'abord sur un large chemin puis par un sentier défoncé. Hier le patron du camping m'a expliqué pourquoi il y avait tant de branches cassées. 2 semaines plus tôt il est tombé près de 30 cm de neige très lourde.
Pour le reste c'est la pluie constante et forte qui a raviné les accès à la montagne et provoqué le déracinement de nombreux arbres.
Comme tous les matins, le brouillard enveloppe tout ce qui pourrait attirer l'oeil du photographe. Ainsi la très jolie commune d'Arlempdes ne me dévoilera que ses maisons de pierres tandis que le château gardera son secret. Dommage car il parait que sa position au-dessus de la Loire est superbe.
Question météo, je note très vite une grosse différence avec les jours précédents. Le soleil semble armé pour vaincre plus rapidement le brouillard et, qui sait, faire entendre raison aux habituels nuages gris.
Au fil de ma progression je m'amuse avec mon appareil photo pour figer le mouvement de l'eau (pas simple à main levée et sans filtre spécifique), capter les rayons solaires dans leur incursion silvestre, souligner l'imagination de ceux qui ont inséré des boîtes aux lettres dans des champignons.
Soudain, alors que je vais m'engager dans un étroit chemin, un énorme chien, venu de derrière, court vers moi en aboyant d'une belle voix grave. Tout en grondant il «m'accompagne» sur quelques dizaines de mètres et je sens son souffle chaud sur mes mollets. J'applique à la lettre les consignes que j'avais lues pour gérer ce type de situation :
- je ne me retourne pas. Il le vivrait comme un défi et ... croyez-moi je n'en ai pas du tout l'intention.
- je tiens mes bâtons en hauteur pour qu'il ne les considère pas comme une arme
- je lui parle calmement pour lui montrer que je ne suis pas un ennemi.
Et ... ça marche ! Il me laisse poursuivre ma route ... pas longtemps car moins d'une minute après je suis bloqué par un troupeau de brebis. Je m'arrête ... elles avancent. Et puis, parvenues à 2 ou 3 mètres de moi, dans un étrange mouvement de panique elles grimpent le talus, me dégageant ainsi le passage.
Comme je j'espérais le soleil s'est imposé dans le ciel mais déjà, fatigué par ce difficile combat, il laisse de plus en plus de place à des cumulus annonciateurs d'un après-midi moins clément. En attendant je suis bien heureux de n'avoir pas à enfiler, enlever, enfiler, enlever ... mon imper. Seules les chaussures restent la proie de l'humidité installée sur les sentiers.
Malgré le rythme soutenu que je m'impose pour arriver sec à Issarlès le Lac, je profite de chaque paysage et j'apprécie le spectacle du fleuve que, malgré la proximité de sa source, je trouve encore de belle taille.
A l'approche du village, un gros taureau entouré de ses petites pépés, me fait comprendre que je ne suis pas le bienvenu. Heureusement il est derrière un enclos car je n'aurais pas aimé sentir son souffle à lui sur mes jambes !!!
Après moins de 7 heures de marche sportive pour parcourir mes 25 km montagneux, je peux poser mon sac à l'hôtel où j'ai retenu une chambre.
Il faut vous dire que j'aurais adoré planter une dernière fois ma fidèle tente en camping. Mais la crainte d'une soirée et d'une nuit orageuses avant ma dernière étape m'a fait préférer le confort d'un toit. Au vu du temps qu'il fait tandis que j'écris cette page, je pense que c'était le bon choix.
Demain je protègerai une dernière fois mes pieds, je soulèverai mon sac avec un petit pincement au coeur et je m'élancerai pour mon ultime étape.
Je croise les doigts pour bénéficier d'une météo favorable qui me permettrait de découvrir le Mont Gerbier de Jonc sous son plus beau visage et surtout, surtout me donnerait l'opportunité de rendre hommage à ce fleuve magnifique, cette grande dame majestueuse qui aura conduit mes pas jusqu'à sa naissance.
Demain ce sera aussi mon dernier récit du «GR3 en direct» sur Periplimages.fr.
Restez encore un peu avec moi !
A suivre !!!
GR3
étape 49
... ultime étape !
Issarlès Le Lac à
Mont Gerbier de Jonc
C'est ici, au Mont Gerbier de Jonc, que se termine donc mon aventure.
Comme souvent les sentiments se confondent en ces moments là. Sur une foulée le soulagement s'impose, sur la suivante c'est une forme de vide, sur la troisième c'est l'impatience de retrouver les miens.
Je suis surtout immensément heureux, conscient de la richesse incroyable puisée au fil de la Loire et de cette chance inouïe d'avoir fait corps avec la nature.
Alors quelques derniers mots sur cette ultime journée.
Un départ sous un ciel clair malgré la pénombre du petit matin, très vite suivi de cet éternel brouillard qui trouble chaque jour mes 3 premières heures.
Puis le soleil !!! Vif, chaud, amical ! Les paysages explosent de couleurs, de reliefs, de charme !
Mais bien sûr il ne lui est pas possible d'assécher les sentiers détrempés par tant de pluie. Alors je patauge allègrement dans des flaques omniprésentes et invasives. Pas grave ! Les pieds sont trempés, le reste est sec. Un luxe au regard des jours passés.
Bientôt 4 belles supportrices se pressent pour m'encourager dans un concert de «meuh» du meilleur effet.
A l'approche du Gerbier de Jonc le cœur se serre un peu plus et le corps réclame une tartelette que je déguste chez une gentille productrice locale avant de poursuivre jusqu'à me retrouver enfin devant le but ultime de mon périple : la source de la Loire.l
Et là grosse surprise pour le randonneur ignorant (vous m'avez reconnu) ... il n'y a pas UNE source mais TROIS ...
Fébrilement je les cherche et découvre avec stupéfaction que l'une d'elles, la source «géographique» débouche curieusement dans une boutique de produits régionaux attenante à un restaurant !!!!!
Je me mets en quête d'une seconde (la source «véritable») que je ne trouve pas mais une postière, helée dans sa voiture, m'indique gentiment où se situe la 3ème (la source «authentique»).
Elle jaillit en contrebas ... d'un autre restaurant («Chez Régine»).
Je commence à craindre l'arnaque, prêt à faire demi-tour jusqu'à la Baule pour sommer la Loire de s'expliquer (non mais !!!) lorsqu'un coup d'oeil, depuis mon smartphone, sur le site de France-Voyages me rassure.
En voici un extrait :
«En réalité, les sources de la Loire sont au nombre de trois et sont toutes situées au pied du Mont Gerbier de Jonc. La présence de ces trois sources est due au fait que sous le Mont Gerbier se trouve une nappe phréatique (du grec "Phréas" : puit) et l'eau sort ainsi de terre en plusieurs endroits, elles se rejoignent pour former la Loire, qui descend la vallée située au sud du Mont Gerbier.»
Ouf me voilà rassuré !
C'est sur cette 3ème source que je décide de jeter mon dévolu au motif qu'un panneau, en léger surplomb, retient toute mon attention. La Loire elle-même s'y exprime : «Ici commence ma course vers l'océan».
Nous sommes le 2 juin, il est 13h15, et mon aventure vient de s'achever 52 jours après mon départ de la Baule.
Demain Christian et Jacqueline viennent me chercher (mille merci de me simplifier à ce point mon retour) et, avant de passer la soirée chez eux à Châlon, nous allons rendre visite à Aurélie ma nièce trekkeuse et son compagnon Jérémie. Je vais faire la connaissance d'Arthur mon petit-neveu né une semaine tout juste après mon départ.
Je ne pouvais pas mieux conclure mon périple.
Il est temps pour moi de refermer cette dernière page du «GR3 en direct».
J'ai une pensée très affectueuse et reconnaissante pour toutes mes belles rencontres, notamment David au camping de Nantes, les si charmantes Ines et Alinoe au camping de Ste Luce (mon camping coup de cœur), mon jeune épicier Brahim, les responsables du camping de Monlouis et ceux du camping de la Charité sur Loire, Pascale et André les cyclos avec qui j'ai passé un délicieux moment à la Charité aussi, Hélène cette chère dame qui m'offrit refuge sous le déluge, mes hôtes de le Mazel enfin.
Bien sûr j'en oublie mais mon coeur les garde en mémoire.
Enfin, je vous remercie tous pour le soutien constant que vous m'avez offert. Vos messages ont été mon troisième bâton, celui qui aide garder le corps droit, la tête haute pour que le regard jamais ne quitte son objectif.
Dans quelques jours une toute dernière page résumera mon GR3 davantage à l'intention des randonneurs qui pourront y trouver, en lecture rapide, d'utiles informations pour s'engager eux aussi le long de ce fleuve magnifique : LA LOIRE !!!
Fin !!!!